Quand le repas devient une source d’angoisse : ouvrir les yeux sur les troubles alimentaires chez l’enfant

Les repas sont censés être des moments de partage, de joie, d’exploration des goûts. Pourtant, pour certaines familles, ils se transforment en épreuve, en combat quotidien, où chaque bouchée devient un défi. Derrière un enfant qui refuse de manger, qui trie ses aliments à l’extrême, qui s’enferme dans des rituels alimentaires rigides, il ne s’agit pas toujours de caprices passagers : parfois, ce sont les premiers signes silencieux d’un trouble alimentaire.

Dans cet article, nous allons plonger au cœur d’un sujet encore trop tabou : les troubles alimentaires chez l’enfant. Loin des clichés, loin de la banalisation ou des jugements hâtifs, il s’agit de comprendre ce qui se joue derrière ces comportements. Pourquoi certains enfants développent-ils une aversion alimentaire ? Comment différencier un caprice ordinaire d’un signal d’alerte sérieux ? Et surtout, comment les parents peuvent-ils agir sans culpabilité, sans panique, mais avec les bons outils et le bon accompagnement ?

En nous appuyant sur les dernières recherches scientifiques, les chiffres les plus récents et les témoignages des professionnels de santé, nous allons décortiquer ensemble les mécanismes des troubles alimentaires infantiles. Ce guide complet vous apportera des réponses, des pistes d’action, mais aussi un souffle d’espoir : oui, il est possible de s’en sortir, et oui, chaque famille peut trouver un chemin adapté.

enfant qui mange , image blanc et noir

Comprendre les troubles alimentaires chez l’enfant : entre cerveau, émotions et comportements

Quand on parle de troubles alimentaires chez l’enfant, il ne s’agit pas seulement de ce qu’il mange ou ne mange pas. On parle d’un phénomène beaucoup plus profond, à l’intersection du biologique, du psychologique et du social. Selon les dernières publications de l’INSERM (2024), les troubles alimentaires ne sont pas des simples “phases” de l’enfance, mais de véritables troubles de santé mentale, avec des répercussions durables si l’on n’intervient pas tôt.

Les chercheurs distinguent plusieurs dimensions essentielles :

  • Une dimension neurobiologique : certains enfants présentent une hypersensibilité sensorielle (les textures, les odeurs, les couleurs) qui déclenche un rejet alimentaire automatique. Dans les cas de trouble de l’oralité sensorielle, par exemple, le cerveau perçoit certains aliments comme des menaces, au même titre qu’un danger physique.
  • Une dimension émotionnelle : l’alimentation est profondément liée aux émotions. Un enfant peut développer une aversion alimentaire après un événement marquant (choc, traumatisme, séparation), même si ce lien n’est pas immédiatement visible. Le rapport à la nourriture devient alors chargé d’angoisses ou de tensions invisibles aux yeux extérieurs.
  • Une dimension comportementale et sociale : dans une société où l’on valorise certains corps, certaines performances, certains comportements “parfaits”, des enfants, même très jeunes, peuvent intérioriser des standards déconnectés de leurs besoins réels. L’influence des pairs, de l’école, et aujourd’hui des réseaux sociaux, joue un rôle majeur, même avant l’adolescence.

Les publications de l’American Academy of Pediatrics (2023) alertent sur l’importance de distinguer ce qui relève d’un trouble et ce qui relève du développement normal. Oui, il est normal qu’un enfant passe par des phases de sélection alimentaire stricte (par exemple vers 2-3 ans). Mais un trouble se manifeste par une persistance et une intensité qui désorganisent le quotidien : perte ou absence de prise de poids, conflits répétés autour des repas, repli social, auto-dévalorisation.

Dans ce contexte, il devient essentiel pour les parents de comprendre sans minimiser, mais aussi sans dramatiser trop vite : savoir reconnaître les signaux d’un trouble alimentaire, c’est se donner les moyens d’agir au bon moment, ni trop tard, ni trop tôt, mais quand l’enfant a le plus besoin de soutien.

Les signes qui doivent alerter : quand l’alimentation devient un miroir de détresse

Repérer les signes d’un trouble alimentaire chez l’enfant demande une vigilance bienveillante : il ne s’agit pas d’espionner chaque bouchée, mais de savoir lire les petits indices du quotidien. Selon les dernières recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS, 2024), il faut combiner observation attentive et écoute active, car les signes ne sont pas toujours spectaculaires, ni visibles du jour au lendemain.

D’abord, il y a les signaux physiques. Un enfant qui refuse systématiquement de manger certains aliments, au point de restreindre son alimentation à deux ou trois aliments maximum, risque des carences graves (fer, zinc, vitamines). On observe parfois une perte de poids, un ralentissement de la courbe de croissance, une pâleur inhabituelle, une fatigue excessive. Chez les plus jeunes, cela peut aussi se traduire par des troubles digestifs répétés (constipation, douleurs abdominales, nausées à l’approche des repas).

Ensuite viennent les comportements alimentaires. Ici, les parents rapportent souvent des scènes récurrentes : crises de colère à table, négociations sans fin, isolement pendant les repas, obsession pour la préparation ou la composition des plats. Chez certains enfants, on note même des rituels précis (par exemple, couper les aliments en portions exactes, manger toujours dans le même ordre) qui traduisent une anxiété sous-jacente.

Enfin, il ne faut pas négliger les répercussions émotionnelles et sociales. Un enfant qui souffre d’un trouble alimentaire peut s’isoler à l’école, refuser les invitations aux goûters ou aux anniversaires, exprimer une peur intense de grossir (parfois dès 8 ou 9 ans), ou montrer des signes de dévalorisation (“je suis nul”, “je ne mérite pas de manger”). Ces comportements ne doivent jamais être minimisés : ils révèlent souvent une souffrance profonde qui dépasse le simple cadre de l’alimentation.

Ce sont ces multiples facettes, entre corps, comportements et émotions, qui doivent alerter et pousser à consulter. Le dépistage précoce reste l’un des meilleurs leviers pour éviter l’aggravation du trouble et engager l’enfant sur un chemin de rétablissement durable.

Les principales formes de troubles alimentaires chez l’enfant : un éventail méconnu

Quand on parle de troubles alimentaires, beaucoup pensent spontanément à l’anorexie ou à la boulimie des adolescents. Pourtant, chez l’enfant, le tableau clinique est bien plus varié, et souvent moins connu. Les recherches récentes, notamment celles publiées par l’European Journal of Pediatrics (2024), rappellent qu’il existe plusieurs formes de troubles alimentaires infantiles, chacune ayant ses mécanismes, ses signes distinctifs, et ses besoins d’accompagnement.

L’anorexie infantile (ou anorexie du nourrisson) se manifeste très tôt, souvent avant l’âge de 2 ans. L’enfant refuse les aliments solides, parfois même les biberons, et le moment du repas devient un terrain de lutte. Ce trouble est souvent lié à des troubles de l’attachement ou à des interactions parent-enfant perturbées, sans qu’il y ait forcément une intention consciente de l’enfant.

La néophobie alimentaire, elle, touche plutôt les enfants de 2 à 6 ans : c’est la peur des aliments nouveaux. Tous les enfants traversent une phase néophobique, mais dans certains cas, elle s’intensifie au point de bloquer l’introduction de nouveaux aliments et de figer l’alimentation sur une poignée de produits rassurants.

L’aversion alimentaire post-traumatique survient après un événement marquant, comme une fausse route, un étouffement, ou une hospitalisation avec sonde. Ici, le refus alimentaire n’est pas lié au goût ou à la texture, mais à un souvenir traumatique associé à l’acte de manger.

Chez les enfants plus grands, on peut observer des formes précoces d’anorexie mentale, où l’enfant manifeste un rejet du corps, une volonté de contrôler son poids, parfois dès l’école primaire. À l’inverse, l’hyperphagie ou les comportements boulimiques (manger de grandes quantités en cachette, avec culpabilité) commencent aussi parfois dès l’enfance, même s’ils sont moins visibles.

Enfin, le trouble de l’oralité sensorielle, souvent méconnu, touche les enfants qui présentent une hypersensibilité aux textures, aux bruits de mastication, aux sensations dans la bouche. Ici, ce n’est pas le goût qui pose problème, mais le traitement sensoriel des aliments, qui devient source de stress.

Les causes et facteurs de risque : démêler le biologique, le psychologique et l’environnemental

Comprendre pourquoi un enfant développe un trouble alimentaire, c’est accepter qu’il n’existe pas une seule cause, mais bien une multitude de facteurs intriqués. Les travaux du National Institute of Mental Health (NIMH, 2024) insistent sur l’importance d’adopter une vision multifactorielle pour éviter les raccourcis simplistes (du type : “c’est la faute des parents” ou “c’est à cause des réseaux sociaux”).

Facteurs biologiques et sensoriels. Certains enfants présentent une sensibilité accrue dès la naissance : hypersensibilité orale, trouble de l’intégration sensorielle, immaturité des réflexes de mastication ou de déglutition. Ces vulnérabilités biologiques peuvent transformer chaque repas en expérience difficile, voire anxiogène, et conduire à des évitements persistants.

Facteurs psychologiques et émotionnels. Des études récentes montrent que les enfants présentant des troubles anxieux, des troubles obsessionnels compulsifs (TOC) ou des troubles de l’humeur sont plus à risque de développer des comportements alimentaires perturbés. L’alimentation devient alors un terrain d’expression des angoisses, une tentative de contrôle face à un monde perçu comme imprévisible.

Facteurs familiaux et éducatifs. Le climat familial joue un rôle non négligeable. Attention : il ne s’agit pas de désigner des coupables, mais de comprendre les dynamiques. Des repas sous tension, des injonctions alimentaires rigides, des interactions parent-enfant marquées par des conflits, ou à l’inverse par une absence de cadre, peuvent créer un terrain propice au développement d’un trouble.

Facteurs sociétaux et environnementaux. Depuis quelques années, l’influence des réseaux sociaux, même chez les enfants, attire l’attention des chercheurs. Les contenus valorisant des standards corporels irréalistes, l’omniprésence des régimes, ou encore les messages anxiogènes sur certains aliments (parfois véhiculés dès le primaire) pèsent lourdement sur la perception que l’enfant a de son corps et de son rapport à la nourriture.

Ce croisement de facteurs rend chaque situation unique : d’où l’importance, quand on suspecte un trouble, de ne pas chercher à identifier “la” cause, mais d’explorer l’ensemble des dimensions pour bâtir une prise en charge sur mesure.

Les nouvelles avancées scientifiques et les outils de dépistage précoce : une lueur d’espoir

Ces dernières années, la recherche sur les troubles alimentaires infantiles a fait un bond impressionnant. Alors qu’il y a encore dix ans, beaucoup de publications se concentraient quasi exclusivement sur les adolescents et les adultes, de nouvelles études se sont penchées sur les populations plus jeunes, et les résultats sont riches d’enseignements.

Selon une large méta-analyse publiée en 2024 dans le Journal of Child Psychology and Psychiatry, les troubles alimentaires chez les enfants (avant 12 ans) sont plus fréquents qu’on ne le pensait, avec une prévalence estimée à 3–5 % en population générale. Ce chiffre grimpe à 15–20 % chez les enfants présentant des troubles du neurodéveloppement, comme les TSA (troubles du spectre autistique) ou le TDAH.

Face à ce constat, des équipes de recherche, notamment à l’Université Flinders (Australie), ont mis au point des outils de dépistage précoce destinés aux pédiatres et aux familles. Par exemple, une liste de dix signes d’alerte (publiée en 2023) permet d’identifier les enfants à risque : obsession pour la composition des repas, élimination progressive de groupes entiers d’aliments, activité physique compulsive, culpabilité après avoir mangé, isolement social autour des repas… Ces outils visent à éviter l’attente souvent trop longue entre l’apparition des symptômes et la prise en charge spécialisée.

Autre terrain d’étude émergent : l’impact des réseaux sociaux, même avant l’adolescence. Des recherches menées par le King’s College London ont montré que certains enfants de 9–10 ans sont déjà exposés à des contenus pro-anorexie ou pro-boulimie sur TikTok et Instagram. Ces contenus, souvent déguisés sous forme de “tips santé” ou de “défis sportifs”, normalisent des comportements extrêmes et fragilisent les enfants les plus vulnérables.

Heureusement, ces avancées scientifiques s’accompagnent aussi de solutions préventives. Plusieurs associations et plateformes éducatives travaillent désormais à sensibiliser les parents et les enseignants pour développer l’esprit critique des enfants face aux images du corps, aux discours sur l’alimentation, et aux injonctions sociales.

enfant qui mange et rit

Pourquoi il est important d’agir tôt : prévenir l’engrenage avant qu’il ne s’installe

Agir précocement face à un trouble alimentaire chez l’enfant, ce n’est pas simplement une question de “faire vite” : c’est une nécessité pour éviter que des comportements alimentaires perturbés ne s’enracinent et ne deviennent des troubles chroniques.

Les experts du Centre Hospitalier Universitaire de Lausanne (CHUV, 2024) rappellent que plus un trouble alimentaire est détecté tôt, meilleures sont les chances de rétablissement. Pourquoi ? Parce qu’au fil du temps, ces comportements s’auto-renforcent : plus l’enfant évite les repas, plus la peur et l’angoisse liées à l’alimentation grandissent, plus il se replie sur lui-même. On entre alors dans un cercle vicieux, où les conséquences physiques (carences, fatigue, perte de poids) viennent aggraver les conséquences psychologiques (isolement, baisse de l’estime de soi, anxiété généralisée).

Au niveau physique, les effets peuvent être sévères. Une sous-nutrition prolongée chez un enfant en croissance impacte non seulement son poids, mais aussi son développement osseux, musculaire, cérébral et hormonal. Certaines études, notamment celles publiées dans Pediatrics (2024), montrent qu’une restriction alimentaire extrême peut ralentir de façon durable le développement pubertaire, augmenter le risque d’ostéoporose précoce, et affecter la mémoire et les capacités d’apprentissage.

Sur le plan psychologique, le danger réside dans la cristallisation des troubles. Plus l’enfant s’habitue à des comportements alimentaires rigides (ou à des crises incontrôlées), plus il sera difficile de les déconstruire. Cela peut aussi ouvrir la porte à d’autres troubles associés : dépression, troubles anxieux, phobies sociales.

Enfin, intervenir tôt permet d’impliquer plus efficacement la famille, l’école, et les professionnels de santé dans une dynamique préventive et collaborative. On ne cherche pas simplement à “faire manger” l’enfant, mais à comprendre ce qui se cache derrière ses comportements, à rétablir un lien positif avec l’alimentation, et à reconstruire petit à petit une sécurité émotionnelle autour des repas.

En résumé : chaque mois compte. Plus l’intervention est précoce, plus elle est légère, plus elle a de chances de succès.

Que faire quand on suspecte un trouble alimentaire ? Les premiers pas essentiels

Lorsqu’un parent commence à soupçonner un trouble alimentaire chez son enfant, un mélange d’émotions surgit : inquiétude, culpabilité, parfois même déni. Il est pourtant essentiel de ne pas rester seul face à ses doutes. Les experts de la Fédération Française Anorexie Boulimie (FFAB, 2024) insistent : plus l’intervention est précoce, plus elle est efficace, même si les symptômes paraissent “modérés” au départ.

Premier réflexe : observer sans dramatiser. Il s’agit d’abord de poser un regard attentif sur les comportements : quels aliments sont évités ? Depuis quand ? Est-ce que l’enfant exprime des peurs spécifiques (“je vais grossir”, “je ne peux pas avaler ça”) ? Est-ce qu’il existe des moments précis où l’angoisse augmente (à l’école, en famille, en présence d’amis) ? Tenir un petit carnet d’observation peut aider à objectiver la situation.

Deuxième étape : consulter. Beaucoup de parents hésitent, de peur de “surmédicaliser” la situation. Pourtant, consulter un pédiatre, un médecin généraliste ou un psychologue spécialisé ne veut pas dire étiqueter l’enfant trop vite : c’est simplement se donner les moyens de comprendre ce qui se passe. Le professionnel pourra faire un premier bilan, évaluer les éventuelles carences nutritionnelles, et orienter si besoin vers des spécialistes (orthophonistes, ergothérapeutes, pédopsychiatres).

Troisième clé : impliquer l’environnement proche. Les enseignants, les animateurs de loisirs, les grands-parents peuvent jouer un rôle précieux pour soutenir l’enfant. Expliquer, sans honte ni secret, que l’enfant traverse une période difficile peut désamorcer certains malentendus (“il fait exprès”, “c’est juste un caprice”) et mobiliser des alliés dans la prise en charge.

Enfin, il est essentiel de prendre soin de soi en tant que parent. Accompagner un enfant en souffrance demande une énergie émotionnelle considérable. Rejoindre un groupe de parole, consulter soi-même un professionnel, s’informer à partir de sources fiables, tout cela aide à tenir sur la durée.

Le message clé ? On ne guérit jamais seul d’un trouble alimentaire : c’est ensemble, en famille et avec les professionnels, qu’on ouvre la voie vers la guérison.

Conseils pratiques pour accompagner et rassurer son enfant au quotidien

Accompagner un enfant touché par un trouble alimentaire, ce n’est pas seulement veiller à ce qu’il mange “suffisamment”. C’est reconstruire, petit à petit, une relation apaisée avec la nourriture, avec le corps… et avec soi-même. Les recommandations récentes de la Société Française de Pédiatrie (2024) insistent sur l’importance de petits ajustements quotidiens, bien plus efficaces qu’un rapport de force à table.

1. Créer un environnement de repas serein. Cela peut sembler simple, mais c’est souvent là que tout se joue. Évitez les distractions (télévision, écrans), fixez des horaires réguliers, et proposez des repas variés sans pression. Bannissez les injonctions (“finis ton assiette”, “tu dois goûter à tout”) qui augmentent l’angoisse. Il est préférable de valoriser l’expérience du repas comme un moment agréable, sans focalisation excessive sur ce qui est avalé ou non.

2. Impliquer l’enfant dans la préparation. Couper les légumes, choisir une recette, dresser la table… toutes ces petites tâches restaurent un sentiment de contrôle positif et redonnent du sens à l’alimentation. Des études montrent que les enfants impliqués activement dans la cuisine sont plus enclins à goûter de nouveaux aliments et à reprendre confiance.

3. Favoriser la communication. Parlez avec votre enfant, sans le bombarder de questions, mais en restant ouvert à ses ressentis. Plutôt que de dire : “Pourquoi tu ne manges pas ?”, essayez : “Est-ce qu’il y a quelque chose qui te gêne dans ce repas ?” ou “Comment tu te sens quand on est à table ?”. Créer un espace de parole diminue les tensions.

4. Prendre soin de soi en tant que parent. Les recherches en psychologie familiale le rappellent : un parent épuisé, stressé ou culpabilisé aura plus de mal à accompagner son enfant avec patience. Ne négligez pas vos propres besoins, entourez-vous, acceptez l’aide extérieure.

Enfin, rappelez-vous : chaque petit progrès compte. Ce n’est pas la perfection qu’on cherche, mais le rétablissement d’un lien, d’un climat, d’une confiance.

Ressources et orientations pour les familles : vers qui se tourner pour ne pas rester seul ?

Face à un trouble alimentaire, beaucoup de familles se sentent démunies. Où chercher des informations fiables ? À qui s’adresser ? Comment trouver un accompagnement adapté ? Heureusement, ces dernières années, plusieurs structures et réseaux se sont développés pour soutenir spécifiquement les familles confrontées à ces problématiques.

1. Les professionnels de santé. Le premier interlocuteur reste le médecin traitant ou le pédiatre. Il pourra effectuer un bilan initial (croissance, carences, état général) et orienter si besoin vers un réseau spécialisé. En France, plusieurs centres hospitaliers disposent d’unités spécialisées en troubles alimentaires pédiatriques, où interviennent des équipes pluridisciplinaires : pédopsychiatres, psychologues, diététiciens, orthophonistes, ergothérapeutes.

2. Les associations de soutien. Des organisations comme la Fédération Française Anorexie Boulimie (FFAB), Autisme France (pour les enfants TSA avec trouble de l’oralité), ou encore Le Monde des Enfants Hypersensibles proposent des ressources, des lignes d’écoute et des groupes de parole pour les familles. Ces espaces permettent de sortir de l’isolement, d’échanger avec d’autres parents, et d’obtenir des conseils adaptés à chaque situation.

3. Les plateformes éducatives et ressources en ligne. Attention ici à bien sélectionner des sources validées scientifiquement. Des sites comme HAS.fr (Haute Autorité de Santé), Inserm.fr (Institut national de la santé et de la recherche médicale), ou encore Pediatrics.fr mettent à disposition des fiches pratiques, des recommandations actualisées, et des articles de vulgarisation pour aider les familles à mieux comprendre et à agir.

4. Les dispositifs scolaires. L’école joue un rôle clé dans l’observation et le soutien. En cas de trouble avéré, il est souvent utile d’impliquer l’infirmière scolaire, les enseignants, voire le médecin scolaire, pour adapter les temps de repas, anticiper les moments de vulnérabilité, et éviter que l’enfant ne s’isole.

La clé ? Ne jamais rester seul. Multiplier les points d’appui, c’est se donner toutes les chances d’accompagner son enfant avec force et résilience.

enfant mange gateau

Un message d’espoir pour les familles concernées

Face aux troubles alimentaires chez l’enfant, il est facile de se sentir dépassé, envahi par des questions sans réponse, ou même envahi par la culpabilité. Pourtant, la première chose à rappeler à toutes les familles concernées, c’est qu’elles ne sont pas seules. Selon les données de l’OMS (2024), environ 3 à 5 % des enfants rencontrent des troubles alimentaires à un moment de leur développement, et ce chiffre monte nettement chez les enfants présentant des particularités neurodéveloppementales. Autrement dit : vous n’êtes pas un cas isolé, et vous n’êtes pas responsables.

La bonne nouvelle, c’est qu’avec une prise en charge adaptée, les enfants ont un potentiel de rétablissement très élevé. Les études longitudinales montrent qu’une intervention précoce, bien coordonnée entre la famille, les professionnels de santé et l’école, permet d’éviter la chronicisation du trouble et de restaurer, petit à petit, une relation plus sereine à l’alimentation.

Il est aussi essentiel de garder en tête que l’objectif n’est pas d’atteindre une perfection alimentaire, ni de forcer l’enfant à manger “comme avant”, mais bien de reconstruire un climat de confiance : confiance de l’enfant envers son corps, confiance envers les adultes qui l’entourent, confiance envers sa propre capacité à évoluer.

Pour les parents, cela passe par un vrai travail de patience et de résilience, mais aussi par l’acceptation de leurs propres limites. Chercher de l’aide n’est pas un aveu de faiblesse, c’est un acte de force. Rejoindre un réseau de soutien, consulter un spécialiste, s’informer à partir de sources fiables : autant de pas concrets qui peuvent transformer une situation d’impasse en chemin d’espoir.

Rappelez-vous : même les plus petits progrès comptent. Chaque bouchée acceptée, chaque moment de partage retrouvé, chaque sourire à table est une victoire. Ensemble, il est possible de redonner à l’enfant ce qu’il mérite : une enfance apaisée, où l’alimentation redevient ce qu’elle devrait toujours être… une source de plaisir, de découverte et d’amour partagé.

FAQ : Tout savoir sur les troubles alimentaires chez l’enfant

1. À partir de quel âge peut-on parler de trouble alimentaire chez l’enfant ?
Les troubles alimentaires peuvent apparaître dès la petite enfance, parfois avant 2 ans (notamment dans les cas d’anorexie infantile ou de trouble de l’oralité sensorielle). Cependant, ils deviennent plus fréquents à partir de 6–8 ans, âge où l’enfant commence à intérioriser des normes sociales, et peuvent s’aggraver à l’adolescence s’ils ne sont pas pris en charge.

2. Comment différencier un caprice alimentaire d’un vrai trouble ?
Un caprice alimentaire est temporaire et lié à une opposition passagère (refuser un aliment, tester les limites). Un trouble alimentaire se caractérise par sa persistance, son intensité et ses conséquences physiques, émotionnelles ou sociales : perte de poids, isolement, rigidité excessive, angoisse autour des repas.

3. Est-ce qu’un trouble alimentaire est forcément lié à un problème familial ?
Non. Les recherches montrent que ces troubles sont multifactoriels : facteurs biologiques, sensoriels, psychologiques, environnementaux. S’il est vrai que le climat familial peut jouer un rôle (positif ou négatif), il n’est jamais la seule cause. Il est important de sortir des discours culpabilisants.

4. Quels professionnels consulter en priorité ?
Commencez par le pédiatre ou le médecin traitant, qui pourra faire un premier bilan. Selon la situation, vous pourrez être orienté vers un psychologue, un pédopsychiatre, un diététicien spécialisé, voire un orthophoniste ou un ergothérapeute si un trouble de l’oralité est suspecté.

5. Que faire si mon enfant refuse totalement de manger ?
Dans ce cas, il est essentiel de consulter rapidement : un refus total d’alimentation peut conduire à une dénutrition grave. Ne cherchez pas à gérer seul à la maison ; appelez votre médecin, votre pédiatre, ou rendez-vous aux urgences si nécessaire.

6. Est-ce que les réseaux sociaux aggravent vraiment les troubles alimentaires chez les enfants ?
Oui, de plus en plus d’études pointent le rôle des réseaux sociaux, même avant l’adolescence, dans la diffusion de normes corporelles irréalistes et de contenus toxiques (pro-anorexie, défis extrêmes). Surveiller l’usage des écrans et dialoguer régulièrement avec son enfant sur ces sujets est devenu une véritable mesure de prévention.

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