
Comment un document officiel peut devenir l’allié des parents attentifs au développement de leur enfant. Décryptage d’un outil de dépistage précoce encore trop méconnu.
Sommaire
Quand l’inquiétude parentale rencontre la science
L’histoire commence souvent de la même manière : une remarque de l’enseignant, une observation répétée lors des sorties au parc, ou simplement cette petite voix intérieure qui murmure que quelque chose ne suit pas tout à fait le cours attendu. Pour de nombreux parents, dont nous faisons partie, c’est l’accumulation de ces petits signaux qui finit par créer une inquiétude légitime.
Lorsque notre fils Lucas a commencé à montrer des difficultés d’attention persistantes à l’école, nous nous sommes retrouvés dans cette zone d’incertitude familière à tant de parents : est-ce simplement une phase de développement normale, ou devrions-nous creuser davantage ? C’est dans ce contexte que nous avons découvert la grille de repérage des troubles du neurodéveloppement, un document qui a littéralement transformé notre approche et notre compréhension de la situation.
Comprendre la grille : au-delà d’un simple questionnaire
La grille de repérage « Repérer un développement inhabituel chez les enfants de moins de 7 ans » est bien plus qu’un simple document administratif. Élaborée dans le cadre de la stratégie nationale pour l’autisme au sein des troubles du neurodéveloppement (2018-2022, puis poursuivie), elle représente un consensus scientifique sur les jalons développementaux critiques de la petite enfance.
Les fondements scientifiques du repérage précoce
La recherche en neurosciences développementales a démontré de manière probante que les premières années de vie constituent une période critique pour le développement cérébral. Durant cette fenêtre temporelle, le cerveau fait preuve d’une plasticité exceptionnelle : les connexions neuronales se forment à un rythme impressionnant, permettant l’acquisition de compétences fondamentales. C’est précisément cette plasticité qui rend l’intervention précoce si efficace.
Les troubles du neurodéveloppement (TND) regroupent un ensemble de conditions qui affectent le développement du système nerveux central et se manifestent précocement, généralement avant l’entrée à l’école primaire. Cette catégorie englobe notamment :
- Les troubles du spectre de l’autisme (TSA)
- Le trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH)
- Les troubles spécifiques des apprentissages (dyslexie, dyspraxie, dyscalculie)
- Les troubles du développement intellectuel
- Les troubles du langage et de la communication
Architecture de la grille : une approche multidimensionnelle
La grille s’organise autour de cinq domaines développementaux essentiels, reflétant les différentes dimensions de la maturation neurologique et cognitive de l’enfant.
1. La motricité globale : le contrôle du corps dans l’espace
Ce domaine évalue le contrôle postural, l’équilibre et les capacités locomotrices. Il s’agit d’observer comment l’enfant contrôle les grands groupes musculaires et coordonne ses mouvements. Un développement moteur atypique peut signaler des difficultés au niveau du cervelet ou des voies motrices cérébrales.
2. La motricité fine : la précision gestuelle
La motricité fine concerne les mouvements précis, notamment de la main et des doigts. Ces compétences sont essentielles pour les activités quotidiennes (s’habiller, manger) et les apprentissages futurs (écriture, dessin). Elles requièrent une coordination œil-main sophistiquée et une maturation progressive des circuits neuronaux impliqués dans le contrôle moteur fin.
3. Le langage : bien plus que des mots
Le développement du langage est un marqueur particulièrement sensible du neurodéveloppement. Il englobe la compréhension (langage réceptif) et l’expression (langage productif), mais aussi les aspects pragmatiques de la communication. Un retard de langage peut révéler diverses difficultés, allant d’un simple retard de parole à des troubles plus complexes affectant la communication sociale.
4. La socialisation : l’enfant dans son environnement relationnel
Ce domaine évalue la capacité de l’enfant à interagir avec autrui, à partager l’attention, à comprendre les codes sociaux implicites et à développer des relations avec ses pairs. Les difficultés dans ce domaine peuvent être particulièrement révélatrices, notamment en ce qui concerne les troubles du spectre autistique.
5. La cognition : les fonctions mentales supérieures
Intégrée à partir de 4 ans, cette dimension examine les capacités de raisonnement, de résolution de problèmes, de mémoire et d’attention. Elle permet d’identifier d’éventuelles difficultés dans les fonctions exécutives, ces processus mentaux qui nous permettent de planifier, organiser et contrôler nos actions.
Le système de détection : comprendre les seuils d’alerte

La grille utilise un système de seuils qui a été soigneusement calibré pour optimiser la détection tout en minimisant les fausses alertes.
Pour les enfants de 0 à 3 ans
Le seuil est fixé à deux signes d’alerte dans au moins deux domaines différents. Cette période étant marquée par une très grande variabilité interindividuelle dans le rythme de développement, le système de double domaine permet d’éviter les sur-signalements tout en restant vigilant.
Pour les enfants de 4 à 6 ans
À cet âge, où les patterns développementaux sont plus stables, le seuil augmente à trois signes dans au moins deux domaines. Cette augmentation reflète le fait qu’à mesure que l’enfant grandit, certaines variations développementales tendent à se normaliser naturellement.
Point crucial à retenir : Cette grille est un outil de repérage, pas de diagnostic. Elle permet d’identifier les enfants qui pourraient bénéficier d’une évaluation plus approfondie, sans présumer de la nature exacte des difficultés observées.
Les signaux d’alerte selon l’âge : un guide détaillé
Les six premiers mois : les fondations
À 6 mois, nous observons les compétences développementales les plus précoces. Un bébé qui ne tient pas sa tête droite, qui n’établit pas de contact visuel ou ne répond pas aux sourires peut présenter des difficultés nécessitant une attention particulière. Le babillage, ce jeu vocal qui apparaît typiquement vers 4-6 mois, est un marqueur important du développement linguistique futur.
À 12 mois : l’émergence de l’intentionnalité
L’année marque un tournant développemental majeur. L’enfant commence à utiliser des gestes communicatifs intentionnels (pointer du doigt, faire « au revoir »), réagit à son prénom et développe une compréhension des routines sociales simples. L’absence de ces comportements peut signaler des difficultés dans le développement de l’attention conjointe, une compétence sociale fondamentale.
À 18 mois : l’explosion linguistique attendue
Cette période est généralement marquée par une expansion rapide du vocabulaire. L’absence de mots simples ou la perte de compétences précédemment acquises (un phénomène appelé régression développementale) constituent des signaux d’alerte importants qui nécessitent une consultation rapide.
À 2 ans : le monde des mots s’ouvre
À deux ans, un enfant devrait disposer d’un vocabulaire d’environ 50 mots et commencer à combiner deux mots ensemble (« papa parti », « encore gâteau »). Sur le plan moteur, la course et la montée d’escaliers deviennent fluides. Les jeux répétitifs et stéréotypés, sans diversification, peuvent indiquer une rigidité comportementale à surveiller.
À 3 ans : le langage comme outil social
L’enfant de trois ans s’exprime généralement de manière compréhensible pour des personnes extérieures à la famille. Il commence à construire des phrases simples, à poser des questions et à s’intéresser activement aux autres enfants, même si le jeu reste souvent parallèle plutôt que véritablement coopératif.
Entre 4 et 5 ans : vers l’autonomie
Cette période voit l’émergence de compétences narratives : l’enfant peut raconter ce qu’il a vécu, organiser une séquence d’événements. Les difficultés massives de graphisme, l’incapacité à s’habiller seul avec de l’aide, ou une incompréhension persistante des consignes simples peuvent révéler des troubles nécessitant un accompagnement.
À 6 ans : au seuil de l’apprentissage formel
Au moment d’entrer en CP, l’enfant devrait posséder un ensemble de compétences préalables aux apprentissages fondamentaux : capacité de concentration soutenue, coordination motrice permettant l’écriture, compréhension de consignes complexes, et aptitudes sociales permettant le travail en groupe.
Notre parcours : de l’inquiétude à l’action
Lorsque nous avons coché les cases de la grille pour Lucas, le résultat a été révélateur : quatre domaines sur cinq présentaient des signes d’alerte. Les difficultés de coordination (chutes fréquentes, maladresse dans les gestes quotidiens), le retard de langage significatif à 3 ans, les problèmes d’attention majeurs et les comportements répétitifs formaient un faisceau d’indices convergents.
Cette objectivation de nos observations a été à la fois déstabilisante et libératrice. Déstabilisante, car elle confirmait que nos inquiétudes n’étaient pas infondées. Libératrice, car elle nous donnait enfin un cadre pour agir et accéder à un parcours de soins structuré.
L’orientation vers la Plateforme de Coordination et d’Orientation (PCO) a marqué le début d’un accompagnement qui a véritablement changé la trajectoire développementale de Lucas. Aujourd’hui, après deux ans d’interventions (psychomotricité, orthophonie, guidance parentale), nous constatons des progrès remarquables. Lucas communique, joue avec ses pairs, progresse dans ses apprentissages. Il reste Lucas, avec ses particularités, mais il est désormais mieux équipé pour naviguer dans son environnement.
Les erreurs courantes à éviter
Le piège de l’attentisme
« Il va se débloquer » est probablement la phrase que nous entendons le plus souvent. Si cette patience bienveillante part d’une bonne intention, elle peut malheureusement conduire à un retard de prise en charge dommageable. La recherche est formelle : plus l’intervention est précoce, meilleure est son efficacité.
Les stéréotypes de genre
Non, les garçons ne parlent pas systématiquement plus tard que les filles. S’il existe de légères différences moyennes dans certains aspects du développement, elles ne justifient jamais un retard significatif. Les jalons développementaux sont les mêmes pour tous les enfants.
La minimisation professionnelle
Si votre pédiatre minimise vos inquiétudes mais que votre instinct parental persiste, n’hésitez pas à demander un second avis ou à consulter directement un pédopsychiatre ou un neuropédiatre. Vous connaissez votre enfant mieux que quiconque.
La peur de la stigmatisation
Certains parents craignent qu’un repérage précoce « étiquette » leur enfant. C’est exactement l’inverse : ce qui stigmatise, c’est l’échec scolaire répété, l’isolement social, la perte de confiance en soi. L’intervention précoce permet d’éviter ces écueils.
La culpabilité parentale
Les troubles du neurodéveloppement ont une origine neurobiologique complexe, impliquant des facteurs génétiques et environnementaux précoces. Ils ne résultent en aucun cas d’une « mauvaise éducation » ou d’un manque d’amour parental. Cette culpabilité, bien que compréhensible, est totalement infondée.
Le parcours après le repérage : étapes et temporalités

L’orientation médicale
La première étape consiste en une consultation dédiée avec le médecin traitant ou le pédiatre (cotation CTE, d’une durée d’environ 45 minutes). Durant cette consultation, le professionnel examine la grille remplie, observe l’enfant et décide de l’orientation appropriée.
La Plateforme de Coordination et d’Orientation (PCO)
Si le repérage est positif, l’enfant est orienté vers la PCO de son département. Ces plateformes, créées dans le cadre de la stratégie nationale, permettent d’accéder rapidement à des bilans (psychomoteur, orthophonique, ergothérapique, psychologique) sans attendre un diagnostic définitif.
Le forfait intervention précoce
Pendant une durée pouvant aller jusqu’à un an (renouvelable une fois), les interventions sont prises en charge intégralement par l’Assurance Maladie, sans avance de frais pour les familles. Ce dispositif, encore trop méconnu, représente une avancée majeure en termes d’équité d’accès aux soins.
Les délais réalistes
Soyons transparents sur les temporalités : comptez 1 à 2 semaines pour obtenir le rendez-vous médical initial, environ 15 jours pour la validation par la PCO, puis 1 à 3 mois avant le début des bilans, et 3 à 6 mois avant le démarrage effectif des séances. Ces délais peuvent sembler longs, mais le système PCO reste plus rapide que le parcours classique, souvent entravé par des listes d’attente de plusieurs mois, voire années.
Les phrases clés pour faciliter vos démarches
Lorsque vous consultez votre médecin, une communication claire et assertive facilite grandement les choses. Voici des formulations efficaces :
- « J’ai des inquiétudes concernant le développement de mon enfant. J’aimerais bénéficier d’une consultation dédiée au repérage des troubles du neurodéveloppement. »
- « J’ai rempli la grille de repérage officielle et plusieurs domaines présentent des signes d’alerte. »
- « Je souhaite être orienté vers la Plateforme de Coordination et d’Orientation de notre département. »
- « Mon enfant nécessiterait un parcours de bilans coordonnés pour évaluer ses difficultés. »
Ces phrases, directes et informées, montrent que vous connaissez le dispositif et facilitent l’orientation vers les bons professionnels.
Que faire si votre médecin refuse ou minimise vos inquiétudes ?
C’est malheureusement une situation que rencontrent de nombreux parents. Oui, un médecin peut refuser d’effectuer le repérage, même si vous avez des doutes légitimes. Voici pourquoi cela arrive et surtout, ce que vous pouvez faire.
Pourquoi certains médecins minimisent-ils ?
Plusieurs raisons expliquent cette réticence :
Le manque de formation spécifique Tous les médecins n’ont pas été formés au repérage des TND. Certains ne connaissent pas bien la grille ou les signes d’alerte, surtout pour les formes moins évidentes (TDAH léger, troubles dys, TSA sans déficience intellectuelle).
La croyance en la « variabilité normale » Beaucoup de médecins utilisent encore le fameux « chaque enfant évolue à son rythme » ou « c’est un garçon, c’est normal qu’il parle tard ». Si cette phrase est parfois vraie, elle ne doit jamais empêcher une évaluation approfondie.
La peur d’inquiéter les parents Certains médecins pensent (à tort) qu’ils « protègent » les familles en attendant, alors que c’est justement l’inverse : le retard de prise en charge aggrave les difficultés.
Le manque de temps La consultation de repérage (CTE) dure environ 45 minutes. Certains médecins surchargés préfèrent éviter ces consultations longues.
Des préjugés persistants « Il est trop jeune pour un diagnostic », « vous êtes des parents anxieux », « il va se débloquer à l’école »… Ces phrases révèlent une méconnaissance des neurosciences actuelles.
Vos droits en tant que parent
Point juridique important : Vous avez le droit de demander un repérage. Le médecin a le devoir de vous écouter et d’évaluer votre enfant de manière appropriée. Si vos inquiétudes sont documentées (grille remplie, observations répétées), le refus d’examiner peut être considéré comme problématique.
La Haute Autorité de Santé recommande explicitement : « En cas de doute des parents ou du médecin, même si l’examen clinique semble normal, il est recommandé de poursuivre la surveillance et de réévaluer l’enfant 3 mois plus tard. »
Solutions concrètes si votre médecin refuse
Option 1 : Insister avec les bons arguments
Revenez avec la grille de repérage officielle remplie et dites :
- « J’ai rempli la grille officielle de la Délégation interministérielle. Plusieurs domaines présentent des signes d’alerte selon les critères. »
- « Les recommandations de la HAS indiquent qu’en cas de doute parental, une évaluation doit être effectuée. »
- « Je demande une consultation dédiée au repérage TND, c’est mon droit de parent. »
- « Si vous ne vous sentez pas à l’aise avec cette évaluation, pourriez-vous m’orienter vers un confrère formé ? »
Option 2 : Demander un second avis médical
Vous n’êtes pas obligé de rester avec un médecin qui ne vous écoute pas :
- Consultez un autre médecin généraliste
- Prenez RDV avec un pédiatre (en accès direct, pas besoin d’orientation)
- Contactez le médecin de PMI de votre secteur (gratuit)
- Consultez le médecin scolaire si votre enfant est scolarisé
Option 3 : Aller directement vers un spécialiste
Certaines consultations ne nécessitent pas d’orientation du médecin traitant :
- Centre d’Action Médico-Sociale Précoce (CAMSP) : pour les 0-6 ans, accès direct, gratuit, équipe pluridisciplinaire
- Centre Médico-Psycho-Pédagogique (CMPP) : pour les 0-20 ans, accès direct, remboursé à 100%
- Consultation de neuropédiatrie : dans un hôpital pédiatrique (délais souvent longs, mais évaluation experte)
- Pédopsychiatre en libéral : accès direct, remboursé (partiellement)
Option 4 : Contacter directement des structures spécialisées
- Centre de Référence des Troubles du Langage et des Apprentissages : dans les CHU
- Centre Ressources Autisme (CRA) de votre région : peuvent vous orienter
- Réseau de périnatalité si votre enfant a moins de 3 ans
Option 5 : Utiliser le numéro vert 0 800 360 360
Les professionnels au bout du fil peuvent :
- Vous orienter vers des médecins formés au repérage TND dans votre secteur
- Vous indiquer les structures accessibles sans ordonnance
- Vous aider à formuler votre demande
- Vous soutenir dans vos démarches
La stratégie « documentation »
Si vous rencontrez de la résistance, documentez tout :
- Tenez un journal : notez les comportements inquiétants avec dates et contextes
- Filmez : de courtes vidéos de situations problématiques (crises, difficultés motrices, interactions sociales)
- Recueillez les observations : des enseignants, de la crèche, des activités périscolaires
- Gardez les écrits : cahiers de liaison, bulletins scolaires, commentaires des professeurs
Ces éléments objectifs sont difficiles à ignorer et renforcent votre légitimité.
Témoignage : notre expérience du refus médical
Avant de tomber sur la grille et d’obtenir l’orientation, nous avons consulté trois médecins différents. Le premier nous a dit « c’est un garçon, ils parlent plus tard ». Le deuxième a affirmé « vous le surprotégez, laissez-le tranquille ». Ce n’est qu’avec le troisième, armés de la grille remplie et de vidéos, que nous avons été pris au sérieux.
Ne vous laissez pas décourager. Votre instinct de parent a de la valeur. Les études montrent que dans plus de 80% des cas où les parents expriment des inquiétudes précoces, il y a effectivement un trouble sous-jacent qui nécessite un accompagnement.
Ce qu’il ne faut JAMAIS accepter
Certaines phrases sont des red flags et doivent vous pousser à consulter ailleurs :
- « Vous regardez trop Internet, arrêtez de chercher des problèmes »
- « À cet âge, on ne peut rien diagnostiquer de toute façon » (FAUX : on peut repérer dès la naissance)
- « Vous voulez juste une excuse pour son comportement »
- « On verra à l’entrée au CP » (trop tard pour l’intervention précoce optimale)
- « Les TND, c’est à la mode, on diagnostique tout et n’importe quoi »
- « Il est intelligent, donc pas de TND » (FAUX : intelligence et TND ne sont pas incompatibles)
Le cas particulier du médecin traitant réticent
Si c’est votre médecin traitant qui refuse et que vous ne voulez pas en changer :
- Demandez-lui de noter son refus dans le dossier médical (souvent, cette demande fait réfléchir)
- Proposez un compromis : « Si dans 3 mois les difficultés persistent, accepteriez-vous de faire le repérage ? »
- Consultez un autre médecin juste pour le repérage, puis revenez à votre médecin traitant pour le suivi
En résumé : vous avez des options
Le refus d’un médecin n’est jamais une impasse. Le système de santé offre plusieurs portes d’entrée vers l’évaluation et l’accompagnement. Votre mission : trouver le professionnel qui vous écoutera et prendra vos inquiétudes au sérieux.
Rappelez-vous : Un enfant avec un TND non dépisté et non accompagné court un risque bien plus grand (échec scolaire, perte d’estime de soi, sur-handicap) qu’un enfant évalué « pour rien ». Le principe de précaution joue en faveur de l’évaluation.
Pour aller plus loin : ressources et contacts
Pour les parents : les documents à télécharger et utiliser
La grille de repérage officielle (version 2024)
- Brochure de repérage 0-7 ans – version à remplir (PDF)
- Pour qui ? Tous les parents qui ont des inquiétudes sur le développement de leur enfant
- À quoi ça sert ? C’est LA grille officielle que vous pouvez remplir à la maison pour préparer votre consultation médicale. Version interactive, vous pouvez cocher directement les cases sur votre ordinateur avant d’imprimer
- Conseil pratique : Prenez le temps de la remplir calmement, sans dramatiser ni minimiser. Apportez-la imprimée à votre rendez-vous médical
Le livret pour les tout-petits
- Livret de repérage 0-3 ans (PDF)
- Pour qui ? Parents et professionnels de la petite enfance (assistantes maternelles, éducateurs de crèche)
- À quoi ça sert ? Observer le développement des bébés et jeunes enfants dans les 1000 premiers jours, période cruciale. Format simplifié avec des illustrations
- Ce qui est utile : Les grilles d’observation par âge (6 mois, 12 mois, 18 mois, 24 mois, 3 ans) que vous pouvez cocher ensemble avec les professionnels qui gardent votre enfant
Brochure d’information après un repérage positif
- Page principale avec tous les documents
- Pour qui ? Parents dont l’enfant présente des signes d’alerte après repérage
- À quoi ça sert ? Comprendre les étapes suivantes : orientation PCO, bilans gratuits, interventions précoces. Explique concrètement le parcours de soins
- Ce qui rassure : Montre que repérage ≠ diagnostic, et que des aides existent rapidement
Pour comprendre visuellement : vidéos et animations
Campagne « Agir Tôt »
- Site Agir-Tôt.fr
- Pour qui ? Tous les parents, même ceux qui ne lisent pas facilement les documents administratifs
- À quoi ça sert ? 17 courtes vidéos d’animation (2-3 minutes chacune) qui montrent concrètement les signes d’alerte par âge. Beaucoup plus parlant qu’un texte !
- Exemples de vidéos : « Mon bébé de 6 mois ne me regarde pas », « Mon enfant de 2 ans ne parle pas », « Mon enfant de 4 ans a du mal avec les autres »
- Le plus : Format court, accessible, sans jargon médical. Parfait pour partager avec la famille (grands-parents, conjoint) qui minimise vos inquiétudes
Pour trouver de l’aide concrète près de chez vous
Trouver votre Plateforme de Coordination et d’Orientation (PCO)
- Carte et liste des PCO par département
- Pour qui ? Parents qui ont eu un repérage positif et veulent savoir vers qui se tourner
- À quoi ça sert ? Trouver les coordonnées exactes (adresse, téléphone, email) de la PCO de votre département. Certaines ont même des sites internet avec des infos pratiques
- Important : Vous ne pouvez pas contacter directement la PCO, il faut d’abord l’orientation d’un médecin. Mais consulter leur site vous permet de comprendre comment ça fonctionne
- Le plus : La carte interactive vous montre qu’il y a plus de 112 PCO en France, vous n’êtes jamais loin d’une aide
Informations détaillées sur le parcours PCO
- Comprendre le fonctionnement des PCO
- Pour qui ? Parents qui veulent comprendre comment fonctionne le système avant de s’y engager
- À quoi ça sert ? Explications sur le forfait intervention précoce, les délais, les professionnels concernés, la durée (12 mois renouvelables)
- Ce qui aide : FAQ avec les questions concrètes (coût, délais, professionnels, etc.)
Besoin de parler à quelqu’un ? Les numéros utiles
0 800 360 360 – Le numéro vert national handicap
- Infos sur le 0 800 360 360
- Pour qui ? TOUS les parents et aidants qui ont besoin d’aide, de conseils ou d’orientation
- À quoi ça sert ? Parler à un professionnel près de chez vous qui vous oriente vers les bonnes ressources (médecins, PCO, associations, MDPH, etc.)
- Horaires : Du lundi au vendredi, 9h-18h (hors jours fériés)
- Le plus :
- Appel 100% gratuit (même depuis un mobile)
- Accessible aux personnes sourdes et malentendantes (LSF, transcription)
- Vous met en lien avec des professionnels de VOTRE département qui connaissent les ressources locales
- Quand appeler ?
- Vous ne savez pas vers qui vous tourner après le repérage
- Votre médecin minimise et vous ne savez pas quoi faire
- Vous avez besoin d’aide pour les démarches MDPH
- Vous vous sentez perdu dans le parcours
Plateforme d’information générale
- Mon Parcours Handicap
- Pour qui ? Parents qui veulent s’informer sur l’ensemble du parcours handicap (pas que TND)
- À quoi ça sert ? Informations sur les droits, les aides financières, la scolarité, les démarches MDPH, etc.
- Utile pour : Préparer votre dossier MDPH quand le moment viendra, comprendre vos droits
Pour les professionnels de santé (mais les parents curieux peuvent regarder !)
TndTest.com – Site d’entraînement au repérage
- TndTest.com
- Pour qui ? Médecins généralistes, pédiatres, médecins PMI qui veulent s’entraîner à utiliser la grille
- À quoi ça sert ? Simulateur interactif avec des cas cliniques pour apprendre à repérer les signes d’alerte
- Parents : Vous pouvez aussi le consulter pour comprendre ce que le médecin va observer lors de la consultation dédiée
Recommandations de la Haute Autorité de Santé
- Guide HAS – Repérage et orientation des enfants à risque
- Pour qui ? Médecins, mais aussi parents qui veulent comprendre en profondeur les bases scientifiques
- À quoi ça sert ? Document officiel très complet (150+ pages) sur les TND, les signes d’alerte, les recommandations de prise en charge
- Ce qui est utile pour les parents :
- L’argumentaire scientifique (si votre entourage doute)
- Les recommandations de bonnes pratiques (pour vérifier que votre enfant reçoit les soins appropriés)
- Le tableau des interventions précoces recommandées par type de difficulté
Article sur la version 2024 de la grille
- Nouvelle version du guide de repérage
- Pour qui ? Parents et professionnels qui veulent comprendre les améliorations de la version 2024
- À quoi ça sert ? Explique ce qui a changé (meilleure détection TDAH, questions sur troubles neuro-visuels, simplification des examens)
- Pourquoi c’est important : Montre que l’outil s’améliore constamment grâce aux retours des médecins et des familles
Pour approfondir selon l’âge de votre enfant
Pour les enfants de 7 à 12 ans
- Livret de repérage 7-12 ans (PDF)
- Pour qui ? Parents d’enfants en primaire/début collège chez qui des difficultés apparaissent tardivement
- À quoi ça sert ? Les troubles se manifestent parfois seulement à l’entrée dans les apprentissages scolaires (lecture, écriture, maths). Ce livret est adapté à cette tranche d’âge
- Particularité : Inclut des volets séparés pour la famille ET l’enseignant (vision complémentaire)
Sites de référence généralistes
Portail handicap du gouvernement
- Handicap.gouv.fr – Section Autisme et TND
- Pour qui ? Tous
- À quoi ça sert ? Toute l’actualité des politiques publiques sur les TND, les nouvelles stratégies, les évolutions réglementaires
- Ce qui est pratique : Centralise TOUS les documents officiels au même endroit
Par où commencer concrètement ?
Si vous avez des doutes sur votre enfant :
- Téléchargez et remplissez la grille de repérage
- Regardez les vidéos Agir Tôt correspondant à l’âge de votre enfant
- Prenez RDV avec votre médecin en demandant une « consultation dédiée au repérage TND«
- Apportez la grille remplie à la consultation
Si le repérage est positif :
- Consultez la carte des PCO pour identifier la vôtre
- Si besoin d’aide ou de conseil : appelez le 0 800 360 360
- Lisez les infos sur le parcours PCO
Si vous vous sentez perdu :
- Appelez le 0 800 360 360 – des professionnels vous guideront étape par étape

Conclusion : faire confiance à son instinct parental éclairé
Cette grille n’est pas un couperet tombant sur les familles, mais une main tendue vers les enfants qui ont besoin d’un soutien adapté. Elle permet de transformer une inquiétude diffuse en observation structurée, puis en action concrète.
Deux ans après avoir découvert cet outil, nous mesurons chaque jour son impact sur la trajectoire de Lucas. Il progresse à son rythme, avec ses forces et ses fragilités, mais surtout avec les outils et l’accompagnement nécessaires pour s’épanouir.
Si vous lisez cet article, c’est probablement parce qu’une petite voix vous dit de prêter attention à certains signaux. Écoutez cette voix. Elle mérite considération et investigation. Car au final, le véritable risque n’est pas de consulter « pour rien » — c’est de laisser passer la fenêtre d’intervention optimale.
Mieux vaut un repérage préventif qu’une prise en charge tardive.
Dans ce parcours parfois complexe, souvenez-vous que vous n’êtes pas seuls. Des milliers de familles empruntent ce chemin chaque année, et les ressources existent pour vous accompagner. Faites-vous confiance, faites confiance à votre enfant, et n’hésitez pas à solliciter l’aide des professionnels formés à ces questions.
Checklist pratique pour commencer :
- Télécharger la grille sur handicap.gouv.fr
- Observer son enfant objectivement pendant quelques jours
- Remplir la grille avec honnêteté
- Prendre rendez-vous pour une consultation dédiée
- Demander l’orientation PCO si des signes sont présents
- Se rappeler que chaque enfant est unique et que repérage ne signifie pas diagnostic définitif
Questions fréquentes :
À quel âge débuter le repérage ?
Le repérage peut commencer dès la naissance. Certains signes neurologiques sont identifiables très précocement.
Quel est le coût du parcours ?
La consultation de repérage (60€) est remboursée par l’Assurance Maladie. Les bilans via la PCO sont intégralement gratuits pendant deux ans maximum.
Que faire si le médecin minimise mes inquiétudes ?
Demandez un second avis, consultez un pédopsychiatre directement, ou adressez-vous à un Centre d’Action Médico-Sociale Précoce (CAMSP).
Peut-on contacter directement une PCO ?
Non, l’orientation doit passer par un médecin (généraliste, pédiatre, médecin PMI, médecin scolaire).
Le repérage est-il obligatoire ?
Non, mais il constitue la porte d’entrée vers un parcours coordonné et financé par l’Assurance Maladie, sans reste à charge.
Article rédigé avec le soutien des neurosciences et l’expérience vécue d’une famille engagée dans le parcours TND.



