Organiser une chasse aux trésors avec des œufs de Pâques, c’est un peu comme suspendre le temps. On sort les paniers, on cache les surprises, on regarde les enfants courir, chercher, rire… ou parfois se mettre à l’écart, s’angoisser, se refermer. Et c’est justement pour ces enfants-là — ceux qui ne courent pas toujours avec les autres, ceux qui ont besoin de calme, de rituels ou d’un peu plus de temps — que j’ai eu envie d’écrire cet article.
Parce qu’un moment de fête devrait rester un moment de joie, et que la magie de Pâques peut être vécue par tous les enfants, à leur façon. Même (et surtout) quand ils ne fonctionnent pas comme les autres.
Adapter la chasse aux trésors sans transformer l’essence
Une chasse aux trésors, c’est l’occasion parfaite pour éveiller les sens, encourager la motricité douce, stimuler la curiosité. Pas besoin de transformer la tradition, juste de la repenser avec bienveillance.
Par exemple, si l’agitation d’un groupe est source de stress, on peut tout à fait organiser la chasse de manière individuelle ou en petits groupes, avec un timing adapté. Certains enfants seront plus à l’aise à l’intérieur, d’autres préféreront l’extérieur, mais avec un parcours simple, balisé, sans cris, sans musique forte.
Ce qui compte, ce n’est pas le nombre d’œufs trouvés, ni la rapidité. C’est l’expérience. Le regard qui s’allume, les mains qui découvrent, le cœur qui s’ouvre. Laisser un enfant vivre cette aventure à son rythme, c’est déjà lui offrir un trésor.
Pensée sensorielle et douce
Une chasse aux trésors inclusive, c’est aussi une chasse sensorielle. On peut intégrer des éléments doux à toucher, à sentir, à observer :
- des œufs texturés en feutrine, en bois ou en tissu
- des sachets parfumés
- des objets qui s’illuminent doucement
- des indices visuels (images, pictogrammes) ou tactiles
- des objets à bruit très léger, pour guider ou rassurer
Certains enfants préfèreront ne pas ouvrir les œufs eux-mêmes. D’autres auront besoin de savoir à l’avance ce qu’ils vont y trouver. Et ce n’est pas grave. L’anticipation fait aussi partie du plaisir, quand elle sécurise.
Et parfois, il ne s’agira même pas d’œufs. On peut cacher des petits objets familiers, des images plastifiées avec des animaux, des bonbons neutres ou des petits mots doux à glisser dans une boîte.
Les 5 idées concrètes de trésors sensoriels à cacher :
- 1. Œufs texturés : Des œufs en feutrine, bois, ou tissu, cachés dans des coins où les enfants peuvent les toucher, les ressentir. Le contraste entre les textures réconfortantes peut être une découverte agréable.
- 2. Petits sachets parfumés : Utilise des sachets de lavande, camomille ou une touche d’huile essentielle douce dans des petites pochettes colorées. Les enfants pourront les ouvrir et sentir les arômes apaisants.
- 3. Objets lumineux : Des œufs ou petites décorations qui s’allument doucement à la lumière. Une chasse aux œufs qui fait briller les yeux sans être trop stimulante.
- 4. Petites figurines familières : Les personnages préférés de ton enfant (animaux, héros, etc.) en version miniature ou même en plastique biodégradable.
- 5. Indicateurs visuels : Des indices sous forme d’images simples (pictogrammes, dessins) placés à côté des œufs, pour aider à guider un enfant qui a besoin d’une petite assistance. Ou des cones colorés !
Et pour les enfants qui n’en font pas partie…
Parce que c’est aussi ça, l’inclusivité : expliquer aux autres enfants, les inviter à comprendre, à coopérer, à ouvrir leur regard.
Préparer la chasse avec des frères et sœurs, des camarades, en leur parlant simplement : “Chacun avance à son rythme”, “Ici, il n’y a pas de gagnant, juste des chercheurs”, “Si tu vois qu’un copain est bloqué, tu peux lui proposer ton aide”.
Ce sont des petits gestes, mais ils laissent des traces pour la vie.
Un moment pour créer des souvenirs
Dans ma propre expérience de maman, je me souviens d’une chasse aux œufs improvisée dans le salon, un jour de pluie. Il n’y avait pas de grand jardin, ni de décorations spectaculaires. Juste quelques petites surprises bien pensées, des chemins délimités par des foulards, des mots doux cachés dans les coins.
J’ai le souvenir d’un moment particulier, un instant suspendu où j’ai vu mes enfants sourire. Ce jour-là, les œufs n’étaient pas ce qui comptait. C’était leur joie qui était la plus belle des découvertes.
Ce jour ils avaient eu le droit d’aller à leur rythme. Parce que, pour une fois, la règle était: « Prenez votre temps! «
En résumé
Une chasse aux trésors inclusive, ce n’est pas un événement figé dans une case. C’est un moment qu’on adapte, qu’on adoucit, qu’on offre avec amour.
C’est dire à un enfant :
« Tu es invité. Tu es attendu. Tu as ta place. Et elle est belle. »