Une réforme historique qui met fin au parcours du combattant pour plus d’un million de Français. Après des années d’attente et de mobilisation, l’Assurance maladie devient le guichet unique pour une prise en charge intégrale. Décryptage d’une mesure qui change la vie des familles. Cette réforme a été annoncée officiellement par le gouvernement et sa mise en œuvre a été confirmée par la publication des textes réglementaires.

Enfant sur un fauteuil roulant

Une réforme qui répond à une injustice profonde

En France, environ 1,1 million de personnes utilisent un fauteuil roulant au quotidien pour compenser une limitation de leur mobilité. La réforme concerne environ 150 000 personnes qui acquièrent un fauteuil roulant chaque année en France. Parmi elles, 22 500 enfants dépendent de cet équipement pour leur scolarité, leurs loisirs et leur vie sociale. Jusqu’à présent, obtenir un fauteuil adapté relevait d’un véritable parcours semé d’obstacles administratifs et financiers.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Un fauteuil manuel peut coûter jusqu’à 10 000 euros, tandis qu’un modèle électrique atteint parfois 50 000 euros. Face à ces montants, l’Assurance maladie ne remboursait que 600 euros pour un fauteuil manuel et environ 5 000 euros pour un électrique. Le reste à charge moyen s’élevait donc à plus de 1 000 euros pour les équipements manuels, et près de 7 200 euros pour les modèles motorisés. Les familles devaient souvent faire appel à plusieurs organismes pour obtenir une aide financière.

Entre la Sécurité sociale, les mutuelles, les MDPH et les collectivités territoriales, le parcours s’étendait sur un à deux ans. Certains usagers, épuisés par ces procédures, renonçaient à un équipement pourtant essentiel à leur autonomie.

La mobilisation des associations et des personnes concernées a fini par porter ses fruits. En février 2025, le créateur de contenu Arthur Baucheron et l’entrepreneuse Charlotte Alaux ont interpellé le Président de la République sur les réseaux sociaux. Leur message était limpide : un fauteuil roulant n’est pas un luxe, c’est l’équivalent de jambes pour ceux qui ne peuvent pas marcher. Cette prise de parole a accéléré la concrétisation d’une promesse formulée lors de la Conférence nationale du handicap du 26 avril 2023.

Ce qui change concrètement au 1er décembre 2025

Zéro reste à charge pour tous les fauteuils conformes

À compter du 1er décembre 2025, tous les fauteuils roulants conformes aux exigences de qualité et de sécurité définies par la réforme sont intégralement pris en charge par l’Assurance maladie. Cette mesure concerne les modèles manuels, électriques et ceux fabriqués sur mesure. La prise en charge intégrale s’applique également aux fauteuils dédiés à la pratique sportive, reconnaissant ainsi l’importance de l’activité physique pour les personnes en situation de handicap.

Les options et adjonctions indispensables à l’adaptation du fauteuil, comme les repose-têtes, les coussins anti-escarres ou les roues spéciales, sont également couvertes lorsqu’elles figurent dans la nomenclature. Pour les options très spécifiques non listées, une demande d’accord préalable auprès de l’Assurance maladie permet d’obtenir leur prise en charge après examen dans un délai de deux mois.

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Pour mesurer l’ampleur du changement, prenons deux exemples concrets. Un fauteuil électrique verticalisateur, qui permet à l’usager de se mettre en position debout, était remboursé à hauteur de 5 000 euros maximum. Avec la réforme, ce même équipement bénéficie d’une prise en charge pouvant atteindre 21 000 euros. Un fauteuil manuel actif soudé, modèle léger prisé des sportifs, passe quant à lui de 600 euros à plus de 6 000 euros de remboursement.

La réforme introduit un prix limite de vente pour garantir l’absence de reste à charge pour l’usager, empêchant les distributeurs de facturer des montants supérieurs aux tarifs négociés avec l’Assurance maladie. Cette mesure protège les familles contre d’éventuels dépassements tarifaires.

L’achat ou la location d’un fauteuil s’effectue sans avance de frais pour les familles. Lorsque le distributeur est conventionné avec l’Assurance maladie, la prise en charge s’effectue directement, sans avance de fonds. Cette disposition supprime l’un des obstacles majeurs qui pesait sur les ménages aux revenus modestes.

Un seul interlocuteur : l’Assurance maladie dans la réforme de la prise en charge

logo assurance maladie

Fini le temps où il fallait jongler entre plusieurs organismes pour espérer un remboursement complet. L’Assurance maladie devient l’unique financeur, ce qui met fin aux allers-retours épuisants entre la Sécu, la MDPH, les mutuelles et les collectivités.

Le parcours se déroule désormais en quelques étapes claires. Un professionnel de santé évalue d’abord les besoins de la personne en tenant compte de sa morphologie, de son handicap, de son environnement quotidien et de son projet de vie. Il établit ensuite une prescription détaillée. L’usager transmet sa demande à l’Assurance maladie avec la prescription, le devis et les justificatifs médicaux.

La caisse dispose alors d’un délai maximal de deux mois pour répondre. Si aucune réponse n’est donnée dans ce délai, le silence vaut accord.

Des exigences de qualité renforcées

La réforme impose des standards plus élevés pour les fauteuils pris en charge par l’Assurance maladie. Chaque modèle doit être évalué par la Haute Autorité de Santé afin de garantir sa fiabilité, sa durabilité et sa sécurité. Les fabricants s’engagent à mettre à disposition des pièces détachées pendant au moins cinq ans après la mise sur le marché.

Les forfaits de réparation ont été revalorisés d’environ 50 %. Ils passent de 177 à 260 euros par an pour les fauteuils manuels, et de 510 à 750 euros par an pour les modèles électriques. Cette mesure permet aux usagers de faire réparer leur équipement plutôt que de le remplacer prématurément. Les services de réparation et de maintenance sont ainsi inclus dans la prise en charge, garantissant un suivi optimal du matériel.

La réforme prévoit également le réemploi grâce à un dispositif de remise en bon état d’usage actuellement en cours de déploiement. Les fauteuils reconditionnés par des centres certifiés pourront être proposés aux usagers qui le souhaitent, favorisant ainsi une économie circulaire. Des textes d’application complémentaires sont attendus pour rendre ce dispositif pleinement opérationnel.

Les fauteuils roulants concernés par la réforme

La réforme de la prise en charge des fauteuils roulants s’applique à une large gamme de dispositifs, afin de répondre à la diversité des situations de handicap. Sont concernés tous les types de fauteuils roulants : fauteuils manuels, fauteuils électriques, fauteuils modulaires et fauteuils sur-mesure.

Cette mesure inclut également les véhicules pour personnes en situation de handicap (VPH), comme les scooters électriques adaptés et les poussettes spécifiques pour enfants.

Les fauteuils roulants manuels actifs permettent à leur utilisateur de manœuvrer le véhicule lui-même, tandis que les fauteuils manuels passifs sont destinés à être poussés par une tierce personne.

Les fauteuils roulants électriques permettent quant à eux une plus grande autonomie dans les déplacements.

Les modèles peuvent être à cadre fixe ou pliable, et il existe également des fauteuils verticalisateurs ainsi que des fauteuils monte-marches pour répondre à des besoins spécifiques.

Pour être pris en charge par l’Assurance maladie à 100 %, chaque fauteuil doit répondre à des critères stricts de qualité et de sécurité. Les modèles doivent être certifiés et respecter les normes en vigueur, garantissant ainsi la fiabilité et l’adaptation à chaque besoin.

La réforme de la prise en charge vise à offrir une solution adaptée à chaque personne, quel que soit son type de handicap ou la nature de son besoin en mobilité. Grâce à cette évolution, la charge des fauteuils roulants ne pèse plus sur les familles, et chaque situation de handicap bénéficie d’une réponse sur-mesure, en fonction du type de fauteuil ou de véhicule nécessaire.

Location ou achat : quelle formule choisir pour la prise en charge des fauteuils roulants ?

jeune homme sur un fauteuil roulant avec bras cassé

La réforme offre plusieurs options selon les besoins de chaque personne. Le professionnel de santé détermine le mode de prise en charge le plus adapté à la situation de l’usager dans sa prescription. Bien que l’usager puisse exprimer une préférence, c’est le médecin prescripteur qui établit la prescription finale en tenant compte de la situation médicale et du projet de vie du patient.

La location courte durée

La location courte durée s’adresse aux situations temporaires, par exemple après une opération ou pendant une rééducation. Elle est limitée à 26 semaines consécutives, avec possibilité de prolongation de 13 semaines sur accord de l’Assurance maladie.

La location longue durée

La location longue durée convient aux personnes dont la pathologie évolue rapidement et nécessite des ajustements réguliers du fauteuil. L’utilisation prévue du fauteuil, qu’elle soit principalement en intérieur, en extérieur ou mixte, influence la formule choisie afin de garantir une adaptation optimale à l’usage quotidien.

Pour ceux qui peuvent bénéficier d’un équipement à titre définitif, l’achat reste possible avec une prise en charge intégrale. Une option d’achat est également prévue à l’issue d’une location courte durée : si le besoin initialement temporaire se révèle durable, l’usager peut conserver le même modèle qu’il a testé. La conversion d’une location en achat d’un fauteuil roulant nécessite une nouvelle prescription médicale attestant de la continuité du besoin.

Où acheter un fauteuil roulant pris en charge ?

Pour bénéficier de la prise en charge intégrale d’un fauteuil roulant, il est indispensable de s’adresser à un distributeur de matériel médical conventionné avec l’Assurance maladie. Ces professionnels sont habilités à proposer des fauteuils roulants conformes aux normes de sécurité et de qualité exigées pour la prise en charge. Les personnes en situation de handicap peuvent obtenir des recommandations auprès de leur médecin traitant ou de leur équipe de soins pour identifier les distributeurs conventionnés.

Point important : la commande en ligne n’ouvre pas droit au remboursement. La réforme impose que la distribution s’accompagne de conseils techniques personnalisés, d’essais et d’un ajustement des réglages lors de la livraison par un professionnel formé. Cette exigence garantit que le fauteuil correspond parfaitement aux besoins de l’usager.

Les étapes pour demander le remboursement de votre fauteuil roulant par l’Assurance maladie

Obtenir le remboursement d’un fauteuil roulant par l’Assurance maladie suit un parcours simple et encadré. La première étape consiste à consulter un professionnel de santé habilité : médecin traitant, spécialiste ou ergothérapeute, qui évalue la situation de handicap et prescrit le type de fauteuil le plus adapté aux besoins de la personne.

Pour les fauteuils complexes, une équipe pluridisciplinaire (médecin spécialiste, ergothérapeute, masseur-kinésithérapeute) intervient pour une évaluation globale. Cette prescription médicale initiale est indispensable pour engager la démarche de prise en charge.

Ensuite, il convient de se rendre chez un distributeur de matériel médical conventionné avec l’Assurance maladie. Une phase d’essai obligatoire se déroule alors en plusieurs étapes : le distributeur présente au moins quatre modèles sur catalogue conformes à la prescription, l’usager effectue un essai comparatif d’au moins deux modèles (au point de vente ou à domicile), et pour les fauteuils modulaires, l’usager teste le modèle choisi en conditions réelles pendant au moins sept jours. Cette période d’essai peut être réduite à 48 heures sur demande expresse de l’usager.

sale d'attente

À l’issue de cette phase d’essai, une consultation post-évaluation est réalisée par le professionnel de santé pour vérifier l’adéquation entre le fauteuil et les besoins du patient. C’est lors de cette consultation que la prescription définitive est établie. Le dossier complet comprend alors : la prescription définitive, le devis du fauteuil choisi, ainsi que les justificatifs médicaux nécessaires.

Ce dossier est transmis à l’Assurance maladie, qui dispose d’un délai maximal de deux mois pour répondre. Si aucune réponse n’est donnée dans ce délai, le silence vaut accord et la demande est automatiquement validée. Une fois l’accord obtenu, la prise en charge est effective et le fauteuil roulant est remboursé à 100 %, sans avance de frais pour l’utilisateur lorsque le distributeur est conventionné.

Focus familles : ce que cela change pour les enfants

Les besoins des enfants diffèrent de ceux des adultes, notamment parce que leur corps évolue rapidement. La réforme prévoit un renouvellement tous les trois ans pour les moins de 16 ans, contre cinq ans pour les adultes. Cette fréquence permet d’adapter l’équipement à la croissance de l’enfant sans attendre qu’il soit devenu totalement inadapté.

Les familles dont l’enfant présente une pathologie évolutive bénéficient d’un cadre encore plus souple. Si l’état de santé se modifie significativement avant l’échéance normale, un renouvellement anticipé peut être accordé sur prescription médicale.

Dans le prolongement des Jeux paralympiques de Paris 2024, la réforme acte la prise en charge des fauteuils sportifs. Les fauteuils manuels sportifs voient leur remboursement multiplié par quatre, passant de 600 à 2 400 euros. Pour les modèles dont le prix dépasse ce montant, une demande d’accord préalable sur devis permet d’obtenir une prise en charge complémentaire. Cette mesure ouvre enfin les portes du sport aux enfants en situation de handicap.

Les points de vigilance à connaître

Ce qui n’est pas couvert

Certaines options relevant du confort ou de l’esthétique, comme une peinture personnalisée ou des accessoires décoratifs, ne sont pas prises en charge. Elles peuvent être facturées en supplément, mais le distributeur doit faire preuve de mesure dans sa tarification.

Il est important de noter que certaines prestations et services annexes, non directement liées à la fourniture du fauteuil roulant, ne sont pas inclus dans la prise en charge par l’Assurance Maladie.

La prescription d’un fauteuil roulant ne peut pas s’effectuer en téléconsultation. L’évaluation des besoins nécessite un examen physique pour apprécier la morphologie de l’usager et son environnement quotidien. De même, la commande en ligne n’ouvre pas droit au remboursement : la distribution requiert des conseils techniques personnalisés et un ajustement des réglages lors de la livraison.

La période de transition

Les prescriptions établies avant le 1er décembre 2025 peuvent encore être traitées selon l’ancien système pendant douze mois. La date limite d’application du nouveau cadre est donc fixée au 1er décembre 2026. Toutefois, si la prescription respecte les nouvelles règles, l’usager peut solliciter les conditions de prise en charge plus favorables. À partir du 1er décembre 2026, seul le nouveau cadre sera applicable.

Les personnes qui utilisent déjà un fauteuil acquis avant la réforme bénéficient des nouveaux forfaits de réparation dès le 1er janvier 2026. Dans les dossiers de transition, chaque fauteuil est identifié par un code spécifique permettant d’assurer le suivi administratif et la conformité. Cette disposition permet à tous de profiter de la revalorisation des montants alloués à l’entretien.

Une avancée majeure pour l’inclusion

Cette réforme marque un tournant dans la politique du handicap en France. En supprimant les barrières financières et en simplifiant les démarches, elle reconnaît que l’accès à un fauteuil roulant adapté constitue un droit fondamental. Elle vise avant tout la compensation du handicap, en garantissant que chaque personne puisse bénéficier d’une prise en charge adaptée à ses besoins fonctionnels.

Pour les familles concernées, c’est la fin d’une forme de double peine. Au-delà du handicap lui-même, elles n’auront plus à se battre pendant des mois pour obtenir l’équipement indispensable à l’autonomie de leur proche.

Il est essentiel que le fauteuil roulant soit parfaitement adapté à chaque utilisateur, afin d’assurer sécurité, confort et autonomie au quotidien. Le guichet unique et le délai de réponse garanti apportent une sécurité qui faisait cruellement défaut.

Un comité de pilotage, placé sous l’autorité de la ministre déléguée chargée de l’Autonomie et du Handicap, assurera le suivi de la mise en œuvre. Il réunira associations, professionnels de santé, industriels et distributeurs pour identifier d’éventuels ajustements.

Cette gouvernance partagée constitue un gage de vigilance collective pour que la promesse se traduise durablement dans le quotidien des familles.

Sources officielles de « la prise en charge par l’assurance maladie d’un fauteuil roulant à partir du

  • Ministère chargé de l’Autonomie et du Handicaphandicap.gouv.fr
  • Service-public.fr – Article du 13 novembre 2025
  • Arrêtés des 6 février, 31 mars et 10 octobre 2025 (Légifrance)
  • Avis du 17 juillet 2025 relatif à la tarification des VPH (Légifrance)
  • Décret n° 2025-247 du 17 mars 2025 relatif à la remise en bon état d’usage (Légifrance)

FAQ – Foire aux questions sur la prise en charge des fauteuils roulants

À partir de quand la prise en charge intégrale des fauteuils roulants par l’Assurance maladie sera-t-elle effective ?

La réforme entre en vigueur le 1er décembre 2025. À partir de cette date, tous les fauteuils roulants conformes seront remboursés à 100 % sans reste à charge.

Quels types de fauteuils roulants sont concernés par cette prise en charge ?

Tous les fauteuils roulants, qu’ils soient manuels, électriques, modulaires ou sur mesure, ainsi que les fauteuils dédiés à la pratique sportive, sont concernés, à condition qu’ils respectent les normes de qualité et sécurité.

Dois-je avancer les frais pour l’achat d’un fauteuil roulant ?

Non, si vous achetez votre fauteuil auprès d’un distributeur conventionné avec l’Assurance maladie, vous n’aurez pas à avancer les frais. La prise en charge est directe.

Quelles sont les démarches pour obtenir un fauteuil roulant pris en charge ?

Il faut une prescription médicale établie par un professionnel de santé habilité. Ensuite, vous choisissez un distributeur conventionné et réalisez une phase d’essai. Le dossier complet est envoyé à l’Assurance maladie qui répond sous deux mois.


Cette FAQ vous aide à mieux comprendre la réforme et à faciliter vos démarches. Pour plus d’informations, n’hésitez pas à consulter notre site officiel ou à contacter votre professionnel de santé.